La correspondance que j'entretiens avec les internautes et qui peut avoir un intérêt pour les amoureux de la gravure:
mars 2009:
Question
Nous avons une question concernant la pression exercée sur le papier : 12 kg au cm2 ou 100 kg au cm2 ? J'ai peut-être mal lu Beguin ?
Pouvez-vous m'indiquer le procédé de collagraphie ?
Je vous remercie pour votre blog je le consulte toujours avec beaucoup de plaisir et d'intérêt.
Christiane Fontaine-Laffond
Réponse
"La presse est composée encore aujourd’hui de deux rouleaux superposés qui obligeront le papier à venir chercher l’encre dans les tailles du cuivre en passant au milieu de ces mêmes rouleaux, sous une pression de l’ordre d’une tonne". ( selon l'ac de Créteil )
Lorsque j'étais aux Beaux-Arts de Bruxelles, c'est également les chiffres qui nous étaient indiqués.
Maintenant ma presse ainsi que toutes celles que j'ai utilisées aux cours, ne comportaient pas de manomètre permettant de calculer la pression exacte: celle-ci était toujours réglée empiriquement, et c'est toujours comme cela que je travaille avec ma presse actuellement.
Le réglage de la pression est un subtil équilibre entre le nombre de langes, leur dureté et l'épaisseur de la plaque gravée: l'idéal est de ne pas trop écraser la plaque surtout en aquatinte et en manière noire ( celle-ci, si elle n'est pas aciérée s'userait très vite) en jouant sur le moelleux et l'épaisseur des langes : il faut que la cuvette soit bien marquée et que le lange le plus en contact avec le papier soit assez souple pour faire bien pénétrer l'encre dans les tailles, sans abîmer trop rapidement la plaque. Lorsque je travaille avec une presse que je ne connais pas, je fais toujours des essais en notant le nombre de tour de vis et en prenant des repères sur celles-ci, en fonction du papier, des langes, et des plaques utilisées: je note tout cela soigneusement dans un carnet: cela facilite le travail par la suite.

La pression trop forte est un problème si l'on veut un tirage important de la plaque gravée et que celle-ci n'est pas aciérée. Pour ma part dans mes travaux cela n'a pas une trop grande importance dans le sens que je ne fais jamais de tirage important de mes plaques ( une dizaine au maximum pour les travaux de grande dimension) une centaine au maximum pour les gravures (ne comportant pas de manière noire), destinées aux petits formats et à un public plus large.
La technique du collagraphe englobe de nombreux moyens et matériaux : le principe de base étant de coller des éléments divers sur un support susceptible d'accepter ces collages, cela va du carton à la plaque de zinc, d'aluminium, de cuivre, en passant par le plastic, enfin tout support apte à supporter la pression de la presse.
La colle utilisée doit pouvoir se marier avec le support, mais également avec les encres et les produits pour le nettoyage de la plaque.
Par exemple: pour un support carton j'utilise de la colle à bois blanche: celle-ci convient bien pour des collages papiers, et de textures comme les dentelles, les feuilles et fleurs, etc, de plus on peut lorsqu'elle n'est pas encore sèche y laisser des empreintes de matériaux plus volumineux que l'on ne pourrait pas inclure autrement dans le collagraphe : l'épaisseur des matériaux collés étant impérativement peu épais. Cette colle permettant aussi de dessiner "dans le frais" avant son séchage complet. Pour une meilleure tenue de la gravure et des collages, on peut déposer un film de colle sur l'ensemble du collage. Comme cette colle est une colle à l'eau, la gravure supportera les nettoyages aux solvants, par contre il ne faut pas mouillé le papier aussi fortement que pour une gravure classique.
- Le collagraphe peu être également un mélange de colle et de carborundum ( ce que l'on nomme parfois gravure au carborundum) j'utilise alors un vernis de réparation des coques à bateau en mélange avec de la poudre de carborundum de calibres divers, sur une plaque de zinc que j'ai au préalable fortement dégraissée et légèrement griffée de manière à ce que le vernis adhère bien.
- Ces mélanges peuvent être étendu au pinceau, et retravaillés tant qu'ils ne sont pas secs.
- En général, à l'encrage il est plus difficile d'essuyer la plaque aussi facilement que dans la manière classique, mais on joue alors avec les effets obtenus dans les jeux de couleurs utilisées ( ce sont des techniques qui conviennent mieux à la couleur, qu'au noir et blanc).
- attention pas de nettoyage à l'encrage avec des solvants, par contre l'avantage c'est que l'on peut réutiliser la plaque une fois l'impression terminée: il suffit de nettoyer celle-ci avec le solvant approprié
Voilà, ce que je peux vous dire pour l'instant, n'hésitez pas si vous avez besoin de plus de renseignements: j'essaierai de vous répondre au mieux: j'envisage de publier un article général sur ce sujet dans les semaines à venir sur mon log.
Bonne soirée, Madame.
une page de mon blog sur la collographie d'autres explications et exemples:
http://hbron1.skynetblogs.be/post/6754064/le-collagraphe-technique-simple
Bonsoir Madame,
Je trouve avec plaisir votre réponse et je vous remercie pour tous ces renseignements très précieux.
Je cherchais à noter la pression au cm2 pour une presse utilisée en taille-douce, car j'avais indiqué dans une notice de ma fabrication la pression de 16 kg au cm2 que j'avais empruntée maladroitement au livre d'André Béguin et qui correspondait aux presses de typographie.
C'est alors que mon maître taille-doucier, Robert Frélaut, a pratiquement "explosé" en me précisant que la pression était bien supérieure à ce que j'avais indiqué !!
Je corrigerai mon topo en conséquence.
J'apprécie votre disponibilité.
A bientôt sur votre blog.
Christiane Fontaine-Laffond